Bologna ti voglio bene !

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" Si viaggiare" ( Lucio Battisti ) 

J’aime l’Italie. Elle est en moi. Une part manquante, souvent j’ai besoin de la voir, de la sentir.

Très jeune, je partais avec maman dans sa Cinquecento blanche et l’on allait à Bologne dans notre famille.

Aujourd’hui, tellement habitués au confort, on n’imagine plus ce qu’était un tel voyage dans ce modèle de carrosse.

D'abord, la route jusqu’à Brignoles, avant de rejoindre l’autoroute de Nice, route encore ensuite pour passer la Turbie et rejoindre la pionnière des autoroutes mondiales, seule action positive du Duce, entre Vintimille et Gênes.

Tunnels et immenses viaducs au-dessus de la Méditerranée,

Bordiguera, San Remo, Imperia, Savona, tous ces noms qui rythmaient mon voyage jusqu’à Gênes, qui semblait déjà si loin de Marseille. Encore de la route jusqu’à Tortona, puis l’autostrada del Sole que l’on empruntait à Piacenza.

Un voyage interminable, mais quel voyage !

Enfin Bologne, que je reconnaissais comme l’Italie à elle seule. Toute réduite ici dans cette ville rouge à tous points de vue, le bonheur !

Tout y était exotique !

Même mes tantes, chères tantes, que je ne voyais qu’une à deux fois par an, mais pour qui j’étais « una meraviglia », le plus beau de tous les garçons.

J’invite vivement les mères castratrices, fabricantes de frustrés mal dans leur peau, à aller faire un stage en Italie, où le culte de l’enfant-roi est toujours actif, pour en constater les bienfaits sur leur développement. Si bon !

Je retrouvais là ma chère cousine Valeria, avec qui j’ai découvert mes toutes premières émotions.

Nous allions voir ces cousins si originaux, Paolo, peintre renommé et sa femme Iole qui avait un atelier de couture artisanal où elle habillait les Bolognaises aisées, s’offrant chez elle un tailleur de haute couture à bon prix. Cette odeur de tissus fraîchement coupés, je l’ai encore dans les narines.

Comme celle des tortellinis de Rosana ou des tagliatelles de ma chère et adorée Ernesta. Ernestina, pourquoi ne t’ai-je pas connu plus longtemps, afin de pouvoir t’exprimer tout mon amour ?

Merveille de petite femme, tout occupée à servir son frère Aldo, divorcé, restée célibataire pour lui seul.

Tu demeurais là, près de moi, à te régaler de me voir m’empiffrer de tes pâtes, sans vouloir t’asseoir. J’avais beau insister, il ne pouvait en être question. Tu prenais tellement de plaisir à me rassasier que tu n’aurais pu en profiter pleinement si tu avais mangé toi aussi à mon côté. Ernestina, ton si beau, si bon, si doux regard. Comme tu me manques.

Je ne t’ai presque pas pleurée, quand loin de toi tu partais pour l’orient éternel, occupé que j’étais par la naissance de mon premier fils, je n’étais même pas là pour t’accompagner dans ton ultime voyage.

Dix-sept années sont passées, mes larmes sont toujours inconsolables.

 

Bologna, ti voglio bene.