4. déc., 2012

Voyage d'affaires en Italie

Un ami cher m’appelait à la rescousse.

Je devais l’accompagner pour un voyage d’affaires express en Italie, visiter trois de ces fournisseurs qui opéraient dans le domaine textile. Un terrible lumbago l’empêchant de conduire il lui fallait un chauffeur. Comme son carrosse était du genre ce qui se fait de mieux sur quatre roues, et que la destination me brûle toujours d’impatience tant l’Italie me manque, j’enfilais mes gants sans hésiter et me précipitais à son secours..

Tant pis pour la météo atrocement pluvieuse, nous voilà parti vers le sud. Ventimiglia, Genova, Piacenza, Bologna, Ancona.., enfin arrivé, 9 heures après, et 1000 kilomètres plus loin, face aux montagnes des Abruzzes d’un côté, et de la mer Adriatique de l’autre, à Sant’Egidio alla Vibrata où nous étions attendus à la magnifique usine « Gran Sasso ».

Cette usine, d’une modernité absolue, réalisé par le grand architecte Guido Canali, s’étend sur 40 000 m2. Ici, dans une décoration sobre et moderne, j’ai pu observer les 400 ouvrières confectionnant des pulls, dans une ambiance presque zen, sans cadences infernales, preuve en est que l’on peut encore produire en Europe sans délocaliser, avec de bonnes conditions de travail, dans un lieu magnifique qui ressemblerait plus à un musée d’art moderne, qu’à l’usine sombre froide et austère de nos mémoires.

Ainsi, les entrepreneurs intelligents existent. Des humains qui auraient saisi que rentabilité ne rimerait pas obligatoirement avec exploitation et délocalisation. Un des associés de Gran Sasso, nous disait à ce propos, que s’il avait été obligé de délocaliser son activité, il n’aurait pas continué cette aventure, il aurait préféré y mettre un terme.  

Est-ce que les Italiens seraient moins fatalistes que les Français ?

Je ne puis l’affirmer, mais une chose est certaine, que l’on peut observer en flânant dans les villes de la péninsule, ils n’ont pas cédé aux mêmes proportions que nous aux magasins de chaines, expression de cette grande distribution qui a défiguré nos centres villes - après nos périphéries - en imposant des prix toujours plus bas et ainsi des délocalisations inévitables.

Les Italiens ont résisté à ce nivellement par le bas que nous ont imposé ces grands groupes toujours à la recherche de plus de rentabilités créant ainsi de plus en plus de laideurs et d’injustices sociales. Il reste encore là bas, nombre de magasins multimarques,  comme il en existait chez nous à une époque révolue, et ne fleurissent pas dans leurs villes les « carrefours-markets, Sephora, H&M, boulangerie Paul » et consorts..

Il est certain, qu’au lieu d’acheter deux pulls chez H&M, fabriqués en Chine ou en Thaïlande, souvent par des enfants, nous n’en achèterions peut-être qu’un seul fabriqué en Europe, mais il serait de bien meilleure qualité et nous pourrions être satisfait de l’effet papillon favorisé par cet achat. (Un travail rémunéré correctement réalisé dans des conditions légales et respectueuses du droit social, une pollution diminuée à la fois par une usine aux normes moins polluantes en Europe, et le transport plus court entre le lieu de fabrication et celui de la vente finale).

Pourvu que nos amis italiens continuent à résister et à conserver leur goût de vivre et leur bonne humeur tellement plus palpables qu'en France où la morosité bat son plein. 

Pourquoi ne pas essayer de leur ressembler ?

Pourquoi toujours se résigner à un mauvais système comme une fatalité inchangeable ?

Voilà les questions que je me posais après cette visite sur ces routes italiennes que j’aime tant.