4. oct., 2012

La faute aux français ?

Un de mes amis, un tantinet provocateur, me conseille de commenter sur mon blog la Définition d'un journal anglais sur cette France de Mélenchon et de Bernard Arnault, ... 

 

"Un système de gouvernement où les moins capables de gouverner sont élus par les moins capables de produire et où les autres membres de la société les moins aptes à subvenir à eux-mêmes ou à réussir, sont récompensés par des biens et des services qui ont été payés par la confiscation de la richesse et du travail d'un nombre de producteurs en diminution continuelle"

 

Assez libertaire par nature, et largement contradicteur, je ne puis m’empêcher cet exercice, au risque de m’y perdre, mais peu m’importe après tout.

Je ne m’attacherai pas aux contradictions que contient cette définition, peut-être s’agit-il d’un défaut de traduction.

En gros l’idée, on l’aura tous compris, est de dire qu’en France, on déteste les riches, car les français sont tous des profiteurs (d’un état providence financé par les courageux entrepreneurs désormais découragés..) assistés, désirant travailler de moins en moins.

Nous touchons là, le fonds de la pensée unique anglo-saxonne, reprise par une bonne part de nos concitoyens sympathisants UMP, et du mépris qui les animent à l’égard de ceux qui ne pensent pas comme eux.

On a bien le droit d’être de bords différents, et d’imaginer des types de sociétés autrement que celles en vigueur, mais cette pensée unique, donneuse de leçon, incapable du moindre doute, ou d’une analyse du monde réel dans lequel nous vivons, commence à m’être très pénible.

Dans une bonne part de cette frange de la population droitière, l’on pense depuis des décennies, jusqu’à l’inscrire en lettre d’or dans l’inconscient collectif libéral, que le français n’est qu’un profiteur, absolument assisté et particulièrement fainéant.  Et que  cela serait quasiment l’unique source de nos problèmes.  Quid de la mondialisation, des méfaits de l’ultra-libéralisme, des crises financières successives, des délocalisations, etc. etc. (la liste serait trop longue) Que nenni, le vrai problème, pour eux qui savent, c’est le franchouillard.

Aucune des statistiques qui notamment démontrent que la France a le meilleur taux de productivité industrielle ne les convaincra du contraire.  (Les japonais, pas très connu pour leur fainéantise, ont choisi pourtant la France pour installer leurs sites de production Européen)

 

D’ailleurs, plutôt que de tenter d’éveiller ces irréductibles sur la France qui n’est pas telle qu’ils voudraient la voir, je m’attacherai à une réflexion courte comme le veut l’usage ici, sur nos magnifiques sociétés modernes libérales.

 

Quel est le premier impératif de l’homme, si ce n’est d’abord de subvenir à ses besoins ? Alors de ce point de vue, l’origine des sociétés humaines, est bien reposée sur l’économie. Quoi qu’ils fassent les hommes seront soumis à ces mécanismes économiques. Pour autant, est-ce que ce fondement doit nous livrer à la dictature du tout-économique comme c’est le cas actuellement   ?

 

Il faudrait des pages, et elles ont déjà été écrites, pour établir un état des lieux de notre monde qui ne tourne plus qu’autour de « l’avoir », laissant de côté « l’être » depuis si longtemps.

Je ne m’y risquerais pas,  je dirai simplement que l’homme méritait mieux pour son épanouissement que cette domination du tout économique. L’abandon des valeurs fondatrices de l’humanité au principe de la seule valeur liée à la production des richesses, sépare encore plus les hommes. On est bien loin du « religare » originel, de cette utopie bienveillante qui espérait relier les hommes entre eux.

Nous n’avons pas su choisir non plus une voie médiane, après avoir tenté l’illusion collectiviste, nous nous sommes rangés comme Marx l’avait d’ailleurs prévu, dans un capitalisme généralisé planétairement.

N’allez pas croire que je sois marxiste pour autant, mais il est simplement flagrant de constater que sa vision du monde industriel et de ce qu’il allait devenir à l’échelle mondiale est assez conforme avec la réalité que nous pouvons observer aujourd’hui. L’asservissement de nos sociétés modernes au capital, comme de nos organisations politiques, en est la meilleure preuve.

Que fait d’ailleurs le gouvernement socialiste en place aujourd’hui, élu sur une espérance de changement, si ce n’est, en déplaise aux irréductibles, de ne rien changer ou presque, à part peut-être une politique fiscale différemment répartie qui fait fuir Monsieur Arnault ?

Alors que dans le fond, les gens espéraient un vrai changement qui remettrait l’homme à sa vraie place, au centre, et non au bout d’une chaine dont il ne maîtrise plus rien.

Il est loin le temps des lumières et des droits de l’homme où la France influençait les nations par ses valeurs. Peut-être, pour quelques-uns, avons-nous eu l’innocence de croire qu’elle pourrait reprendre la place qu’elle eut dans le passé. Celle qui montrait une direction noble, celles des valeurs qui n’ont pas de prix.

Aujourd’hui la seule valeur est comptable, le seul vrai pouvoir ; financier. Et ce ne sont plus quelques idéaux, aussi beaux qu’ils soient, comme ceux inscrits aux frontons de nos mairies, « Liberté, Egalité, Fraternité » qui priment.

Ce ne sont plus que des sentences désuètes, que le vent et la pollution vont effacer au fil du temps sur les pierres, témoins encore de cette grande et magnifique utopie de notre République laïque.

Je n’irai pas plus loin au risque de lasser.

C’est moi qui suis las à vrai dire, de l’emploi généralisé des courtes vues…

Vive la République !