27. mai, 2013

Elle était bleue

"Elle était bleue.

Un bleu cinglant. Pas roi mais presque. En fait un bleu Gordini, couleur choisie par l'ingénieur du même nom qui transforma les Renault en voiture de course pendant les trente glorieuses. Oui c'est ça, bleu Gordini.

Un bleu indiscutablement porté vers l'évasion. C'était ma première voiture, celle que l'on garde en mémoire toute sa vie comme sa première émotion sexuelle. Pas pour rien que les femmes nous rappellent que notre auto, c'est notre étendard.

Avec ma fusée bleue, je me souviens, comme aucun autre voyage, de mon premier départ vers l'Italie, vers Florence la magnifique.

Etouffée par la chaleur mais étincelante de beauté, elle aussi est gravée en bleu dans ma mémoire. Le corps de ma fiancée collé au mien dans la sueur de cette nuit d'août bien trop chaude. A trois heures du matin, croquant une pastèque glacée achetée au marchand ambulant de la Piazza della Republica, on regardait sortir les derniers fêtards du bar-concert Paszkowski en déambulant sous les arcades.

Goût inoubliable de cette pastèque rouge sang dans cette nuit de liberté. Lucio Battisti en boucle dans le lecteur de cassettes, on chantait à tue tête; « Ancora tu, non mi sorprende lo sai ? » Dolce vita de ces années où tout était encore permis, où la gravité était encore presque inconnue."

Extrait de Jeunesses Volées

Commentaires

28.05.2013 03:57

Régine

Belle écriture, phrases courtes, mots justes, émotions pures, bref, l'essentiel au-delà des lignes!